Exemple de cas pratique

Haru

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Contexte

Haru est un border collie mâle de 1 an. Il provient d’une lignée de travail d’un élevage familial ne faisant que du border collie.

 

« Aux 6 mois d’Haru nous avons remarqué un net changement de comportement, notamment lié à son instinct (stopper le mouvement), il a commencé à vouloir sauter sur les voitures, les vélos, trottinettes etc malgré une socialisation correcte. Puis on l’a trouvé un peu plus en retrait vis à vis de l’humain (inconnu surtout). Il avait également aboyé sur une amie lorsqu’elle était chez nous. »

Historique

Haru a été acheté à 9 semaines dans un élevage familial de border lignée de travail. L’éleveuse trouve les chiots de cette portée tardif pour le troupeau. Il y avait 11 chiots dans la portée. La mère était compétente et contente de venir au contact.  Petit, Haru avait peur de certaines choses (raquettes de tennis).

« Au moment de l’adoption nous avions eu très bon ressenti, un chien doux et calme (c’est notre 1er chien). Haru est resté un border collie plutôt calme, nous sommes très complices. Il aime jouer, voir des copains chiens, les câlins (avec nous et l’entourage proche). Cependant il est timide avec les étrangers sans pour autant montrer de l’agressivité (ce qui ne nous pose donc aucun souci).

A ses 6 mois, son instinct de troupeau est devenu très présent avec une réactivité aux objets en mouvements (Voiture, trottinette, skate). Forcément au début ça a été compliqué, car le “chiot parfait” ne l’était plus quasi du jour au lendemain. On se sent rapidement dépassé dans ce genre de situation, en se demandant ce que l’on a raté dans l’éducation. »

Observation directe

Je rencontre Haru pour la première fois pour son rappel de vaccin à 4 mois. La consultation se déroule parfaitement car Haru est très motivé par son lick mat ! Je le recroise quelques mois plus tard, adolescent, dans la salle d’attente alors qu’il a rendez-vous avec un de mes collègues. Haru n’exprime pas clairement un inconfort mais je l’aborde de manière attentive car son langage corporel pourrait signaler une certaine timidité. Nous discutons avec sa propriétaire et Haru patiente sagement pendant que nous abordons l’idée de soins coopératifs. Lorsque je le revois en consultation, Haru présente le même comportement.   

Entretien avec les propriétaires

Haru était réactif voiture, vélos, skate, roller, etc. (aboie et veut aller arrêter). Il y a du mieux mais le fait encore pour certaines trottinettes, skate ou par redirection de frustration (après dispute avec autre chien par exemple). 

Haru dort très bien (14h par jour). Il rêve tous les jours. A contrario, s’il n’est pas chez lui, Haru ne se posera pas de la journée. Haru mange plutôt en soirée dans un tapis de fouille laissé à disposition. Il ne vole pas de nourriture. Haru mange très souvent de l’herbe.

Haru est parfaitement propre. Il lève la patte pour uriner depuis ses 4 mois. Il y a peu, il a chevauché un autre chien mâle adulte castré pendant 3 heures sans répit.  

Haru n’aime pas être touché par des inconnus, surtout dans la rue (ou chez le vétérinaire). Pour éviter un contact physique, il lui arrive d’apporter lui-même son bâton pour proposer un jeu. A contrario, il est en général très à l’aise avec les invités à la maison. Il vient se coucher sur leurs pieds, sur le canapé, etc.

Ce qui motive la consultation, ce sont les évènements les plus récents :

En balade, Haru a croisé un coureur. Il a fait demi-tour pour aller se mettre face au coureur et l’arrêter en lui aboyant dessus. Maintenant il est promené en longe et distrait avec des friandises. Il est encore plus vigilant lorsqu’il fait sombre.

Au cours d’une autre balade Haru s’est également retrouvé avec sa longe enroulée autour d’une promeneuse. Sa propriétaire a alors voulu aider la dame à s’en défaire, et c’est à ce moment-là que Haru s’est approché menaçant. Selon sa propriétaire il aurait pu pincer.  

A la maison Haru monte la garde et grogne si on toque à la porte. Depuis un mois environ, il aboie de plus en plus dans le jardin, et en réponse aux bruits quotidiens : poubelles, porte qui claque, voiture des voisins etc. A la maison également un autre incident s’est produit. Haru était parti en balade, quand il est revenu trois personnes étaient dans le salon. Haru a fait la fête puis quinze minutes après est allé grogner contre une amie de sa propriétaire.

Haru fait du troupeau (1x/mois), du frisbee (1x/sem). Il a déjà fait de l’agility mais s’énervait vite s’il ne comprenait pas l’exercice. Les séances de frisbee ne durent jamais plus de 10 minutes car c’est ses propriétaires qui mettent fin à la séance : Haru est inépuisable, et ne s’arrêtera jamais de lui-même.

Symptômes et diagnostic

Haru présente une hyperréactivité, des phobies, de l’évitement, des difficultés à s’habituer à une modification de l’environnement, et des séquences d’agression par irritation et d’agression de protection assimilable à des agressions territoriales.

 

Cependant ces troubles sont naissants et comme ses propriétaires consultent rapidement l’état de Haru n’est pas encore pathologique. Le pronostic est donc considéré comme bon.

Ce que les propriétaires d'Haru attendent de moi :

« Nous cherchions dans un 1er temps être rassuré ou au moins savoir ce qu’il en était vraiment pour bien comprendre l’ampleur de ces changements chez notre chien.
On voulait comprendre notre chien, mais aussi avoir des clés pour “lire notre chien” dans l’environnement.
L’objectif pour nous était d’avoir des solutions pour gérer notre chien dans les différents environnements et cela en toute bienveillance. »

Traitements

  • Médical

Haru n’est pas malade, il ne présente pas de trouble du comportement, aucun traitement n’est donc nécessaire.

La dominante du tableau clinique (ensemble des symptômes) d’Haru est une forte motivation à monter la garde et à protéger ses propriétaires. Nous allons donc axer la thérapie sur ces aspects-ci. Le but est d’expliquer à Haru d’une manière qu’il peut comprendre que nous n’attendons pas de lui qu’il remplisse ce rôle.

 

  • Thérapeutique

J’ai demandé aux propriétaires d’Haru d’appliquer les exercices suivants :

Pour apprendre à Haru à ne plus courser les passants/joggers : identifier ceux sur lesquels il pourrait potentiellement se retourner, dire « cherche » en lançant quelques croquettes par terre au moment exact où il les voit et avant qu’il ne réagisse tout en appliquant en parallèle les règles générales de proxémie (tourner le dos au passant, faire face à Haru, etc).

 

Pour apprendre à Haru à tolérer la contrainte : Habituer Haru à travailler dans des contextes fermés (rester sur un tapis puis donner la patte 1 minute, puis tenir l’oreille 1 minute, etc).

 

Pour apprendre à Haru à ne pas monter la garde : Quand Haru aboie à la maison il doit obtenir l’inverse de ce qu’il recherche et il ne doit pas être renforcé ou rassuré. Il faut lui demander d’aller à son panier (en utilisant une fois encore les règles de proxémie) et si cela ne fonctionne pas, l’isoler.

 

Pour apprendre à Haru à avoir moins peur des inconnus : Travailler le chin rest sur une serviette. Une fois qu’Haru a compris, généraliser en demander à d’autres personnes de se prêter à l’exercice. En entrainement médical les exercices doivent être provoquer un léger inconfort mais jamais désagréable.

Evolution

Haru n’a pas eu besoin de revenir en consultation de contrôle, c’est donc sa propriétaire qui nous donne des nouvelles plusieurs mois après notre rencontre : 

« Pour la gestion de l’accueil des invités le protocole mis en place avec le Docteur a parfaitement fonctionné, nous n’avons plus eu de souci à ce niveau. En balade c’est pareil, pas de souci avec les inconnus (nous gérons l’environnement au mieux et nous refusons les contacts si nous sentons un malaise chez Haru), pas d’incident à signaler.

Côté réactivité aux mouvements, cela reste très variable (parfois l’environnement ne permet pas de mettre Haru suffisamment à distance).
De plus, nous avons accueilli un autre chien pendant 7 jours, et nous avons remarqué que cela a exacerbé les réactions d’Haru sur les objets en mouvement (probablement dû au fait que nous ayons eu moins de temps pour travailler).
Néanmoins on note que la réactivité sur les voitures est quasi exceptionnelle, et on note également une large progression vis à vis des trottinettes.

Merci mille fois pour votre aide ! »

 

Grand Merci aux propriétaires d’Haru d’avoir bien voulu partager leur histoire ! 

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